Qualité de l'air: les mousses terrestres témoignent de l'évolution

Depuis 1996, l’Administration de l’environnement opère un réseau de biosurveillance afin d’évaluer la qualité de l’air. Sur 15 stations, situées majoritairement dans le bassin industriel du sud du pays, des bryophytes terrestres collectionnent depuis 25 ans des données sur des polluants atmosphériques et des métaux lourds. Constat : les efforts de dépollution portent leurs fruits, car une amélioration de la qualité environnementale dans le bassin sidérurgique et en milieu rural a pu être observée.

De façon générale, les concentrations en dioxines, en furanes et des métaux lourds diminuent fortement depuis 1996 autour des sites industriels d’Esch/Alzette, Differdange et Schifflange.

Ceci s’explique par plusieurs facteurs :

  • la modernisation des installations industrielles : électrification des hauts fourneaux sidérurgiques, meilleure maîtrise des émissions ;
  • la réduction des activités sidérurgiques, comme par exemple la fermeture du site de Schifflange en 2011 ;
  • la mise en œuvre en continu de législations protégeant l’environnement et l’être humain.

De ces développements ont résulté également des réductions des concentrations en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui, comme les dioxines et furanes, sont des molécules toxiques générées lors de procédés de combustion.

La présence du plomb dans l’air a diminué, elle aussi, de façon progressive et importante depuis le début des mesurages, en particulier lors de ralentissements des activités industrielles durant les crises économiques des années 2001-2002 et 2008-2009. Contrairement au plomb, les concentrations en chrome aux sites d’Esch/Alzette et de Differdange ont augmentées les dernières années. Ce-ci est liée à l’utilisation de la part d’ArcelorMittal de matière brute contenant du chrome. Une modification des installations afin de remédier au problème est en cours.

Une appréciation spécifique a été portée sur l’impact de l’installation de valorisation de déchets par incinération du SIDOR à Leudelange. Le suivi par biosurveillance sur 25 ans montre une baisse conséquente des retombées de contaminants persistants au fil des années due à une modernisation de l’installation.

L’installation SIDOR ainsi que les sites d’ArcelorMittal sont évalués annuellement ; prochains résultats sont attendus en automne de cette année.   

Ces mêmes tendances positives peuvent être observée sur les 3 stations rurales de biosurveillance : Beckerich, Osweiler et Nospelt. La pollution de fond de ces polluants a donc diminué, même à échelle nationale.

La biosurveillance basée sur les analyses de mousses terrestres

La biosurveillance est une méthode pour mesurer l’accumulation de polluants dans un organisme vivant, comme ici des mousses terrestres. Ne disposant pas de racines, elles sont particulièrement sensibles à l’atmosphère et accumulent les polluants organiques et les métaux lourds présents dans l’air. De ce fait, ces organismes peuvent être utilisés pour évaluer la pollution de l’air dans le temps. Soumis à des pollutions trop importantes, ils réagissent, voire disparaissent.

Ils servent comme témoins de la qualité de l’air à des endroits spécifiques :

  1. Dans les zones urbanisées à proximité des aciéries. Ces installations représentent des sources d’émissions potentielles de composés organiques et métalliques transportées ensuite par voie aérienne vers des zones urbanisées.
  2. En milieu rural, la biosurveillance sert d’indicateur pour évaluer la pollution de fond à l'échelle territoriale, loin des sources d’émissions importantes.

Les polluants organiques étudiés dans le réseau de biosurveillance de l’AEV sont :

  • les dioxines / furanes (PCDD/PCDF) ;
  • les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ;
  • les polychlorobiphényles (PCB) ;
  • les métaux cadmium, chrome, mercure, plomb, vanadium et zinc.

Ces polluants se forment ou se libèrent lors de procédés de combustion.

L’intérêt de l’évaluation de ces 25 dernières années consiste à la fois à tirer des enseignements concrets en considérant la base de données comme un outil de rétrospection et à orienter les choix futurs dans la poursuite du programme de surveillance de la qualité de l’air, et plus généralement celle de l’environnement, suivant des critères d’espace et de temps.


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