Interdiction du commerce d‘ivoire au Luxembourg

La faune et la flore sauvages constituent de par leur beauté et leur variété un élément irremplaçable des systèmes naturels, qui doit être protégé par les générations présentes et futures. Mais beaucoup d’animaux sauvages sont en voie de disparition.

Le gouvernement renforce dès lors son action pour la protection des espèces de faune et flore sauvages. Dans le cadre d’une nouvelle législation, il se donne les moyens nécessaires pour lutter au niveau national plus efficacement contre le commerce illégal d’espèces menacées d’extinction. Par ailleurs le gouvernement s’engage pour une meilleure protection des espèces sauvages au niveau européen.

La Convention CITES

La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) est un accord international juridiquement contraignant entre 183 parties signataires. La convention vise à veiller à ce que le commerce international des espèces ne menace pas leur survie. Le commerce illicite d’espèces sauvages se chiffre à environ 150 milliards de dollars par an. Le commerce de plantes et des animaux dépasse le cadre national et nécessite une coopération internationale pour préserver les espèces de la surexploitation. Aujourd’hui, plus que 35.000 espèces connaissent une protection à travers CITES.

Les particuliers trouvent de plus amples informations sur les espèces protégées par CITES sous: speciesplus.net

Une réglementation plus efficace et plus stricte au Luxembourg

La nouvelle loi CITES, adoptée par la Chambre des Députés, renforce les moyens de mise en œuvre nationaux des dispositions CITES :

  • La coopération entre les agents de l’Etat est renforcée à travers un comité national de coordination CITES ;
  • Les sanctions sont sensiblement augmentées pour dissuader le commerce d’espèces de faunes et de flores sauvages ;
  • À travers la convention renouvelée entre le MDDI et natur&ëmwelt a.s.b.l., plus de moyens financiers sont mis à disposition pour la prise en charge d’animaux CITES par le centre de soins pour la faune sauvage à Dudelange ;
  • Un volet de sensibilisation quant à la problématique du commerce en espèces sauvages sera couvert par le centre de soins.

La situation dramatique des éléphants et rhinocéros

Durant des siècles, les rhinocéros étaient largement répandus dans les savanes d’Afrique et les forêts tropicales d’Asie. Aujourd’hui, il ne reste que peu de rhinocéros hors des parcs nationaux et des réserves naturelles.  Au cours de ces 50 dernières années, le nombre de rhinocéros a diminué de 80 % et certaines espèces sont aujourd’hui au bord de l’extinction. Une autre espèce menacée : les éléphants. De cinq million d’éléphants dans les années 1900, la population d’éléphants africains a chutée à moins de 400.000 aujourd’hui.

Le commerce en ivoire et le braconnage sont souvent à l’origine de cette extinction : L’UE est le premier exportateur au monde d’ivoire pré-Convention, ivoire acquis avant l’entrée en vigueur de la CITES en 1975.

Une interdiction du commerce d’ivoire au Luxembourg

Le Luxembourg est d’avis que le commerce en ivoire est une force motrice pour le commerce illicite. La forte demande d'ivoire est le principal inducteur pour le braconnage d’éléphants. Une publication récente dénonce que beaucoup d’objets d’ivoire mis sur le marché de l’Union européenne provenant du braconnage d’éléphants sont déguisés comme objets antiques.  
La position du Luxembourg sur ce sujet est en ligne avec une consultation publique menée par la Commission européenne. 92% des 90.000 personnes interrogées ont indiqué qu’une interdiction totale du commerce de l'ivoire devrait être l’objectif principal.

Dans cette logique, le Luxembourg vient d’adopter dans le cadre de sa loi CITES un règlement grand-ducal interdisant le commerce d’ivoire sur le territoire national. Il s’agit d’une mesure clé pour éviter que l’offre alimente la demande d’ivoire. Cette mesure possède aussi une valeur symbolique forte au sein de l’Union européenne.

Ainsi au niveau européen et international, le Luxembourg s’investit pour augmenter la pression sur la Commission européenne et l’inciter à procéder à une fermeture du commerce en ivoire sur tout le territoire de l’UE. Par conséquent, le gouvernement a lancé ensemble avec la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne une démarche augmentant la pression sur la Commission européenne afin de parvenir à une fermeture des marchés domestiques d’ivoire sur l’entièreté du territoire de l’UE.

Le gouvernement salue dans ce contexte la décision de la compagnie aérienne de fret luxembourgeois Cargolux, qui, suite à une réunion entre la direction de la compagnie avec la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg,  a décidé d’interdire le transport des trophées de chasse à bord de ses avions avec effet immédiat début juin 2018.  Cet engagement volontaire s’inscrit parfaitement dans la stratégie du gouvernement. 

L’opération « Thunderstorm »

Une opération internationale, coordonnée par INTERPOL visant le commerce illégal d’espèces sauvages et de bois en Mai 2018 a abouti à des centaines de saisies dans le monde entier et à l’arrestation de suspects.

Baptisée « Thunderstorm » et ciblant les individus et les réseaux à l’origine d’atteintes à la vie sauvage partout dans le monde, l’opération a été menée avec le concours des services de police, de douane et de protection des frontières, de l’environnement, des espèces sauvages et des forêts de 92 pays, et a permis des saisies se chiffrant en millions de dollars.

Le Luxembourg ayant fait partie de cette opération, n’a pas fait de saisies. Le focus national pendant cette opération était le trafic potentiel et le transit d’ivoire.

L’opération a donné lieu à 1 974 saisies et à l’identification de quelque 1 400 suspects, déclenchant des arrestations et des enquêtes dans le monde entier. D’autres interpellations et poursuites judiciaires sont prévues au fur et à mesure du déroulement des enquêtes en cours.

 

Au total, les saisies signalées dans le monde entier portent sur :

  • 43 tonnes de viande sauvage (dont de la viande d’ours, d’éléphant, de crocodile, de baleine et de zèbre)
  • 1,3 tonne d’ivoire d’éléphant brut ou transformé
  • 27 000 reptiles (dont 869 alligators/crocodiles, 9 590 tortues et 10 000 serpents)
  • près de 4 000 oiseaux, parmi lesquels des pélicans, des autruches, des perroquets et des hiboux
  • plusieurs tonnes de bois
  • 48 primates vivants
  • 14 grands félins (tigre, lion, léopard et jaguar)
  • les carcasses de sept ours, dont deux ours polaires

 

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