L’inventaire phytosanitaire donne une indication sur les tendances de l'état de santé des forêts au Luxembourg. Cet inventaire est relevé depuis 1984 par l'Administration de la nature et des forêts, et se base sur un réseau systématique de placettes d'échantillonnage à l'échelle nationale.
Les relevés réguliers permettent de détecter les changements et impacts qui ont pu être observés dans les forêts publiques et privées: Quels arbres sont les plus impactés? Quels rôles est-ce qu’ils jouent dans l’écosystème?
En outre, cet inventaire permet d'évaluer les risques qui ressortent de ces nouvelles observations. Les informations obtenues constituent une base importante pour les décisions en matière de politique forestière et environnementale.
Méthode
En 2022, six experts forestiers ont analysé 1.200 arbres sur 51 placettes d'échantillonnage réparties sur l'ensemble des forêts du Grand-Duché. L'observation annuelle de la canopée est réalisée chaque année à la même période (du 20 juillet au 15 août) et permet ainsi de caractériser l'évolution de l'état de santé de la forêt luxembourgeoise.
Pour chaque arbre, on estime le déficit foliaire dans la couronne fonctionnelle, c'est-à-dire le manque de feuilles par rapport à l'état normal de la couronne d'un arbre plein de vitalité. Le déficit foliaire comprend à la fois la vitalité générale de l'arbre et les pertes foliaires accidentelles, dues par exemple à une attaque ponctuelle de chenilles.
L’observation permet de:
- Déterminer l’état de feuillage – une feuillaison complète correspond à une valeur de perte de 0%, celle d’un arbre mort à 100%;
- Observer la coloration des feuilles et aiguilles de la cime des arbres;
- Documenter la présence de parasites tels que insectes et champignons;
- Définir sur base de ces analyses les classes de dégâts.
Évolution par rapport à 2021
Après trois années comparativement trop sèches et trop chaudes, l'évolution climatique de 2021 a été favorable à la forêt. Le débourrement au printemps 2022 a donc pu se faire normalement. Or, l'évolution positive de l'année 2021 ne s'est pas poursuivie en 2022. Peu après l'apparition des feuilles, plusieurs semaines de sécheresse ont marqué le printemps 2022, qui ont été suivies d'un été exceptionnellement sec avec plusieurs périodes de canicules. La détérioration a donc repris et notamment les arbres déjà affaiblis ont continué à s’endommager, de sorte que leur état phytosanitaire s'est encore nettement détérioré (Figure 1).
La proportion d'arbres forestiers nettement endommagés à mort a augmenté de 10% par rapport à l'année précédente, tandis que la proportion d'arbres échantillons sans signes visibles de dommages a diminué de 1%. La défoliation moyenne est légèrement augmentée. Toutes essences confondues, on constate que durant l'été 2022:
- 15,40% des arbres ne présentent pas de dommages (classe de dégâts: 0),
- 22,90% des arbres sont légèrement endommagés (classe de dégâts: 1),
- 61,70% des arbres sont nettement et/ou fortement endommagés (généralement dépérissant) ou des arbres morts (classe de dégâts: 2, 3 et 4).