«D’Resultater vum neien Inventaire phytosanitaire beweisen et: Eise Bësch brauch eis Hëllef. Virun allem an Zäite vum Klimawandel.
Fir eis Bëscher méi resilient ze gestalten, hu mer verschidde Mesuren ausgeschafft: Vu Gesetzer iwwert Subsiden, Primmen a Pläng. Well: Eis Bëscher schützen heescht, eis Zukunft zu Lëtzebuerg schützen.» Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.
L’inventaire phytosanitaire, donc l’inventaire sur l’état de santé des forêts, est effectué depuis 1984 par l’Administration de la nature et des forêts. Basés sur un réseau national de placettes systématiques, les relevés annuels de cet inventaire permettent non seulement d’identifier les variations et les impacts observés dans les forêts publiques et privées, mais aussi de déterminer les essences les plus touchées et, par le biais de cette analyse, les risques pour les écosystèmes forestiers et l'état de résilience des forêts luxembourgeoises. Les données de cet inventaire donnent un aperçu d'une longue série d'observations et permettent de mettre en évidence des tendances d'évolution, ce qui permet d'adapter les mesures de gestion nécessaires en conséquence. Ces résultats sont donc essentiels pour prendre des décisions en matière de politique forestière et environnementale.
Méthode
En 2023, des experts forestiers ont analysé 1.176 arbres sur 51 placettes d'échantillonnage réparties sur l'ensemble des forêts du Grand-Duché de Luxembourg. L'observation annuelle de la canopée est réalisée chaque année à la même période, donc du 20 juillet au 15 août. Cette annualité permet de caractériser l'évolution de l'état de santé de la forêt luxembourgeoise sur une période prolongée.
Pour chaque arbre, on estime le déficit foliaire dans la couronne fonctionnelle, c'est-à-dire le manque de feuilles par rapport à l'état normal de la couronne d'un arbre plein de vitalité. Le déficit foliaire comprend à la fois la vitalité générale de l'arbre et les pertes foliaires accidentelles, dues par exemple à une attaque ponctuelle de chenilles.
L’observation permet de:
- déterminer l’état de feuillage – une feuillaison complète correspond à une valeur de perte de 0%, celle d’un arbre mort à 100%,
- observer la coloration des feuilles ou aiguilles de la cime des arbres,
- documenter la présence de parasites tels qu’insectes et champignons,
- définir sur base de ces analyses les classes de dégâts.
Évolution par rapport à 2022
La dégradation progressive de la santé phytosanitaire des arbres sous observation, qui était déjà perceptible depuis 2019, se poursuit au cours de cette année. On constate une diminution de 1% dans la proportion d’arbres échantillons qui ne montrent aucun signe visible de dommages (classe 0). Si l’on penche sur la classe de dommages 2, il apparaît que 55% des arbres se trouvent dans un état de détérioration modéré à sévère. Or, en fonction de l'évolution des conditions météorologiques, ces arbres de classe 2 ont la capacité de se rétablir et de progresser vers une catégorie supérieure (classe 0 ou 1). Ils continuent ainsi à remplir une fonction écologique importante.
Cependant, il est préoccupant de constater que 12,3% des arbres étudiés se trouvent actuellement dans un état de dépérissement avancé, voire sont déjà morts (classes 3 et 4).
Toutes essences confondues, on constate que durant l'été 2023 (voir figure 1):
- 14,5% des arbres ne présentent pas de dommages (classe de dégâts 0),
- 18,2% des arbres sont légèrement endommagés (classe de dégâts 1),
- 55% des arbres sont moyennement à fortement détérioré (classe de dégâts 2),
- 12,3% des arbres sont dépérissants à mort (classes de dégâts 3 et 4).
Mesures pour améliorer et protéger l’état de santé des forêts luxembourgeoises
L’état de santé des forêts luxembourgeoises reste préoccupant, suscitant des inquiétudes quant à la détérioration continue des essences feuillues, bien que la situation des résineux semble avoir connu une légère stabilisation. À partir de 2010, les conditions sanitaires des arbres de nos forêts ont connu une détérioration marquée, caractérisée par une augmentation du taux de mortalité au sein des peuplements forestiers et une diminution de la résilience des forêts face aux pressions extérieures.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation. En premier lieu, les conditions météorologiques des dernières années ont fortement affecté nos écosystèmes forestiers. Les longues périodes de sécheresse pendant la période de végétation ont entraîné une pénurie d’eau. Des températures élevées et un degré d’insolation très élevé ont provoqué du stress supplémentaire, tandis que la prolifération d’organismes nuisibles a également joué un rôle préjudiciable.
Tous ces éléments sont des conséquences palpables du changement climatique, perturbant le fonctionnement des écosystèmes forestiers et entravant leur capacité à s’adapter à cette nouvelle réalité.
Afin de remédier à ces effets du changement climatique, de protéger les écosystèmes forestiers et de renforcer leur résilience, le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable et l’Administration de la nature et des forêts ont développé pendant les cinq dernières années diverses mesures, dont une sélection est présentée ci-dessous.
La nouvelle loi sur les forêts, qui donne un cadre légal général robuste et cohérent pour les forêts, a pour objectifs de protéger les forêts dans leur fonctionnalité et étendue nationale, de conserver et d’améliorer leur diversité biologique, de maintenir leur santé et vitalité, ainsi que de promouvoir l’économie forestière.
Les aides financières, sous forme du Klimabonus Bësch et des aides pour l’amélioration de la protection et de la gestion durable des écosystèmes forestiers, ont comme finalité de soutenir les propriétaires forestiers dans leurs efforts de gérer leurs forêts de manière durable, et ainsi de renforcer la résilience des écosystèmes forestiers et d’augmenter la séquestration du carbone dans les forêts.
Le Pacte nature encourage les communes à adopter des mesures qui renforcent la résilience et la stabilité des forêts, la biodiversité forestière, la mise en réseau des habitats forestiers et des milieux ouverts, voire urbains, ainsi que la séquestration de carbone.
Le troisième Plan national protection de la nature (PNPN3) renferme des mesures destinées e. a. à restaurer les écosystèmes forestiers, à améliorer la diversité biologique forestière et à renforcer la séquestration et le stockage de carbone dans les forêts.
Le deuxième Programme forestier national (PFN2), actuellement en cours d’élaboration, définit les mesures à mettre en œuvre au cours des dix prochaines années. Son objectif est de garantir la préservation et la restauration des forêts luxembourgeoises, tout en apportant un soutien à la filière bois et aux propriétaires forestiers.
Les relevés de terrain pour le troisième Inventaire forestier national (IFN3) sont réalisés cette année et finalisés l’année prochaine. Cet inventaire constituera une source essentielle de données dendrométriques au niveau national, ainsi que sur l’état global de nos forêts. L’IFN3 jouera donc un rôle important dans l’orientation des futures politiques forestières.
Le Cadastre des biotopes forestiers est un instrument qui cartographie, à l’échelle nationale, les différents biotopes forestiers. Sa mise à jour régulière permet de suivre l’évolution de l'état de ces biotopes au fil du temps.
Le Fichier écologique des essences (FEE) est un outil d’aide à la décision pour les propriétaires forestiers. Cet outil permet au/à la propriétaire de choisir l’arbre le mieux adapté à chaque site de forêt. Les essences forestières proposées au niveau du FEE tiennent déjà compte du changement climatique.
Le rapport intitulé Le renforcement de la résilience des forêts du Grand-Duché de Luxembourg représente la synthèse des travaux d’un groupe de travail réuni dans le cadre du Programme forestier national. Son objectif était de dresser un état des lieux concernant la résilience des forêts au Luxembourg, d’analyser les pistes d’actions proposées par les scientifiques et, enfin, de formuler une série de mesures et de recommandations visant à renforcer la résilience des forêts au Luxembourg. Les cinq mesures retenues par ce groupe sont les suivantes:
- Renforcement de la diversité et de la complémentarité des forêts.
- Maintien et renforcement de la diversité génétique des arbres.
- Augmentation de la diversité des structures.
- Amélioration de la capacité de résistance des arbres aux perturbations.
- Adaptation des infrastructures aux conditions futures.
La mise en œuvre d’une stratégie «zéro pollution» visant à limiter à long terme les polluants atmosphériques, tels que l’azote, qui ont des impacts négatifs sur les forêts ainsi que sur les sols forestiers sous forme de déséquilibres chimique et biologique.