Le biochar, résidu solide de la pyrolyse de biomasses végétales, est de plus en plus présent dans les réflexions internationales, européennes et nationales visant à trouver des solutions pour lutter contre le changement climatique et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En effet, certaines propriétés du biochar, dont sa forte teneur en carbone ainsi que sa grande stabilité, confèrent théoriquement au biochar une forte aptitude à séquestrer à long terme du carbone atmosphérique. L’amendement en biochar des sols agricoles mais aussi des sols urbains supports de végétation (p.ex. sols de jardin) est ainsi souvent présenté par différents organismes comme étant une technique de séquestration de carbone atmosphérique prometteuse et ayant un fort potentiel de séquestration à l’échelle mondiale. Le biochar est également souvent mis en avant pour sa capacité à améliorer certaines propriétés agronomiques des sols et donc à augmenter la fertilité des sols amendés tout comme les rendements agricoles.
Cependant, le biochar est un matériau d’origine anthropique qui n’est naturellement pas présent dans les sols agricoles et urbains. Les effets de l’amendement des sols en biochar restent actuellement mal connus, contrairement à ceux des autres amendements organiques utilisés depuis longtemps (compost, fumier, lisier, boues) pour améliorer la fertilité des sols et séquestrer du carbone. Ce manque de connaissances s’explique principalement par le fait que cet amendement est encore peu utilisé à travers le monde et que cette pratique demeure récente. Le retour d’expérience de cette pratique est très limité, même si dans les dernières décennies, le nombre d’études scientifiques s’intéressant aux effets de cette pratique sur les sols et leurs fonctions, se multiplie. Ces études mettent en évidence des effets variables du biochar sur la qualité agronomique des sols amendés, sur le climat et sur les écosystèmes. Certaines études confirment les effets positifs, si souvent mis en avant, de cette pratique sur le climat et la fertilité des sols, mais une part importante des études montre, au mieux, aucun effet significatif, au pire, des effets négatifs délétères pour le climat, la fertilité des sols, l’environnement et la santé humaine.
L’objectif de la présente étude est de proposer une analyse critique, la plus objective possible, des principaux éléments publiés dans la bibliographie scientifique portant sur les aspects climatiques, agronomiques et environnementaux de l’amendement des sols en biochar. Cette étude constitue un socle technique objectif et étayé scientifiquement, sur lequel les acteurs concernés pourront se baser pour mettre en place au Luxembourg des pratiques d’utilisation du biochar durables et vertueuses pour les sols, les écosystèmes et la santé humaine.