Inventaire des gaz à effet de serre

L'inventaire d’émissions de gaz à effet de serre de l'année 2021 et le rapport y relatif (National Inventory Report 2021, en anglais) ont été remis au secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) le 15 avril 2021. L'inventaire couvre les années 1990-2019 et a été préparé selon les lignes directrices de la CCNUCC. Un certain nombre de recalculs, dus majoritairement aux recommandations issues de l’audit annuel par la Commission Européenne en 2020 et à une révision du bilan énergétique par le STATEC, ont été opérés.

Le total des émissions de gaz à effet de serre (GES), en 2019, était de 10.743 millions de tonnes CO2 équivalents, soit 15.6% en dessous de l'année de référence du protocole de Kyoto, 1990. Ainsi, on observe la tendance suivante sur la période 1990-2019 (et 2018-2019) selon les différents GES:

Gaz à effet de serre

2019/1990

2019/2018

CO2

- 17,5 %

+ 1,92 %

CH4

-0,35 %

-1,47 %

N2O

+ 5,69 %

+ 1,71 %

gaz fluorés

+ 325 %

- 4,16 %

Total National

- 15,6 %

+ 1,68 %

 

Le dioxyde de carbone (CO2) était la source principale de GES au Luxembourg. Elle couvrait 90,8% du total des émissions de gaz à effet de serre - total excluant UTCATF (Utilisation des Terres, Changement d'Affectation des Terres et Foresterie). La deuxième source de GES était le méthane (CH4) avec environ 5,4% des émissions totales de GES excluant UTCATF. L’oxyde nitreux (N2O) était la troisième source avec 3,1%. Les gaz fluorés étaient responsables pour seulement 0,8% des émissions totales de GES excluant UTCATF, avec les hydrocarbures fluorés (HFCs) représentant 0,57% du total, l'hexafluorure de soufre (SF6) 0,10% du total national.

 

Emissions de gaz à effets de serre en 2019 par groupe d’activité

GROUPE D’ACTIVITÉ

CO2

CH4

N2O

Gaz fluorés

Total National

 

(kt CO2e)

(kt CO2e)

(kt CO2e)

(kt CO2e)

(kt CO2e)

Combustion pour production d’électricité, cogénération et chauffage urbain

224,035

4,420

7,001

***

235,456

Combustions dans les secteurs résidentiel, commercial et institutionnel

1630,300

9,553

3,110

***

1642,963

Combustion dans l’industrie

989,764

1,991

3,186

***

994,941

Procédés de production industriels

564,758

***

4,714

***

569,472

Extraction et distribution de combustibles fossiles

0,041

31,143

***

***

31,183

Utilisation de solvants et autres produits

33,812

***

***

71,785

105,597

Transports routiers

6087,732

3,692

66,732

***

6158,156

Autres sources mobiles et machinerie*

207,165

0,093

7,260

***

214,518

Traitement et élimination des déchets

***

67,675

10,466

***

78,141

Agriculture**

14,553

463,687

234,129

***

712,369

Utilisation des sols et sylviculture

-322,462

***

10,073

***

-312,389

TOTAL (incl. UTCATF)

9429,698

582,254

346,671

71,785

10430,408

TOTAL (excl. UTCATF)

9752,160

582,254

336,598

71,785

10742,797

Notes :                                                                                    

* comprend : aviation, rail, navigation, machines agricoles, machines industrielles        

** comprend : fermentation entérique, gestion du fumier, sols agricoles, fertilisants, combustion stationnaire dans le secteur agricole

*** pas d'émissions comptabilisées   

 

L'évolution des émissions dans les différents secteurs sur la période 1990-2019 (et 2018-2019) était la suivante (voir tableau et figure ci-après):

Secteur

2019/1990

2019/2018

Énergie

- 9,94 %

+ 1,82 %

Procédés industriels et l’utilisation de produits

- 58,0 %

+ 2,70 %

Agriculture

+ 0,14 %

- 0,20 %

UTCATF

- 468 %

+ 64.1%

Déchets

- 26,1 %

- 5,53 %

 

Entre l’année de base, 1990, et l’année 1993, les émissions de GES restaient plus ou moins stables. Entre 1994 et 1998, les émissions diminuent fortement pour atteindre leur valeur la plus faible en 1998. Comparé à l’année 1990, l’année 1998 montre une réduction de plus de 30%. Cette diminution était principalement due à l’arrêt des deux hauts fourneaux dans la sidérurgie et le passage aux fours à arc électrique pour la production de l’acier.

Commençant en 1999, les émissions connaissent une augmentation constante jusqu’en 2004, pour atteindre leur maximum en 2005 à 13,005 millions de tonnes CO2 équivalents (excluant UTCATF). Une des raisons de cette forte augmentation est la mise en opération de la centrale électrique TWINerg à Esch-sur-Alzette en 2002.

Ce maximum est succédé par une diminution des émissions jusqu’en 2009. Cette diminution est majoritairement associée à la crise financière et économique ayant engendré une baisse de l’activité économique en général.

Après une légère reprise des émissions de GES en 2010, une diminution continue des émissions est observée jusqu’en 2016. Cette réduction est principalement associée à la diminution de l’activité de la centrale électrique TWINerg (suivi de sa fermeture en 2016) ainsi qu’à une baisse des ventes des carburants routiers. Depuis 2017, une légère augmentation des émissions de GES est due à la reprise des ventes de carburants.

Pour 2020, une baisse des émissions de GES d’environ 14% par rapport à 2019 est à prévoir, due au ralentissement de l’activité économique (baisse des ventes de carburants) suite à la pandémie COVID-19.

 

Inventaire des gaz à effet de serre au Luxembourg de 1990 à 2020

Comme déjà indiqué plus haut, le transport routier, est un bon exemple montrant à quel point le niveau d’activité peut influencer l’évolution des émissions de GES au Luxembourg. L’augmentation observée pour les années 1999 à 2004 résulte de l’accroissement de la consommation nationale (dû à une augmentation du parc automobile et du kilométrage parcouru) ainsi que de la vente de carburants au niveau du transport routier (y compris l’export de carburant dans le réservoir des véhicules). La réduction d’émission survenant entre 2006 et 2009 est une conséquence de la baisse de la vente de carburant (tourisme à la pompe) due à la crise financière et économique, et qui avait atteint son plus bas niveau en 2009. Depuis 2011 (nouveau pic), les ventes de carburants diminuaient continuellement jusqu’en 2016. Depuis 2017, les ventes de carburants semblent augmenter à nouveau.

Ces exemples illustrent bien la particularité du Luxembourg en comparaison à d’autres pays membres de l’Union Européenne. Dû à sa petite taille, l’introduction d’une nouvelle activité industrielle/économique ou encore la cessation d’une telle activité peut directement influencer de manière considérable les émissions de GES du pays. Tandis que d’autres pays, qui par leur taille et leur nombre d’activités et d’installations différentes, possèdent des émissions de GES plus élevées, qui ne seront pas visiblement affectées par ce genre de situation.

Notons que l'inventaire précédent (2020) a été soumis à la fois à un audit externe par un groupe d’experts internationaux mandaté par les Nations Unies et à un audit de qualité opéré par la Commission Européenne en coopération avec l’Agence européenne de l’environnement. Quelques recommandations précises ont été exprimées au sujet de la transparence, et pour différentes sous-catégories dans le secteur de l'énergie, des procédés industriels et de l'utilisation des produits, de l'agriculture, de l’UTCATF et du secteur des déchets. La plupart de ces recommandations ont été implémentées dans la version actuelle de l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre (2021).

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