Biodiversité et végétalisation des murs et des toits

Plantes et pollinisateurs:

Les insectes pollinisateurs sont indispensables à la bonne santé de l’environnement ainsi qu’à la disponibilité en nourriture. À eux seuls, ils assurent la collecte et le transport du pollen pour 84% des plantes cultivées en Europe, nécessaires à la production de nombreux fruits, légumes, graines, noix et oléagineux. Certains de ces insectes sont généralistes (opportunistes), se nourrissant du nectar de diverses plantes, alors que d’autres, dits spécialistes, se nourrissent du nectar produit par une seule espèce de plante bien spécifique (à cause de la morphologie de leur bouche, de l’accessibilité au pollen/nectar, de la forme de la fleur, etc.).

On trouve quatre grands groupes d’insectes pollinisateurs, essentiels :

  • Les papillons, aussi bien de jour que de nuit, se nourrissant par succion/aspiration grâce à une longue trompe
  • Les abeilles sauvages, se nourrissant par léchage grâce à des pièces buccales plus courtes
  • Les syrphes, se nourrissant par succion ou léchage grâce à des pièces buccales courtes
  • Les coléoptères, se nourrissant par broyage/mastication du pollen et non pas du nectar, grâce à des pièces buccales plus puissantes

Du fait de plusieurs facteurs tels que l’application de pesticides, le changement climatique ou la destruction de leur habitat, le déclin sévère de ces espèces est alarmant ! Une des meilleures façons de les aider en milieu urbain est la végétalisation des murs et des toits.

Pour venir en aide à ces espèces, il convient de les attirer vers des environnements bénéfiques, contenant des plantes favorables. Ces environnements contiennent des plantes avec des périodes de floraison différentes, offrant un habitat propice pour une plus grande partie de l’année ; des plantes aux couleurs diverses, attirant des espèces sensibles à une plus grande variété d’ondes lumineuses ; des plantes à fleurs morphologiquement différentes, rendant l’environnement favorable à une plus grande variété d’espèces ayant des pièces buccales et des modes d’alimentation variés ; des plantes productrices de nectar, remplissant ainsi les besoins en nourriture des insectes.

Idéalement, la sélection de plantes couvrira les besoins nutritifs d’un maximum d’espèces de pollinisateurs et offrira un refuge pour les différents stades de leur développement (stade larvaire jusqu’au stade adulte).

©A. Kaufmann

Les toitures végétalisées:

Pour ce qui est des toits, on préfèrera les mélanges indigènes de type « prairie fleurie », adaptés aux milieux secs et rocheux. En effet, ces mélanges produisent une végétation variée et riche qui nécessite peu d’eau et très peu d’entretien. Si la profondeur du substrat le permet, l’addition de quelques espèces vivaces nectarifères peut s’avérer utile pour augmenter l’attrait du biotope pour les insectes. À défaut, et si le toit est assez solide, on peut pallier le manque de profondeur du substrat en plantant ces espèces dans des pots ou des bacs (pour la lavande par exemple, qui nécessite au minimum 30cm de substrat).

Les murs végétalisés:

Concernant la végétalisation des murs, cela devient légèrement plus compliqué. On utilisera principalement des plantes vivaces à fleurs, en favorisant les espèces locales et indigènes. La partie compliquée est que le choix de ces espèces dépend de plusieurs facteurs :

  • L’exposition : la diversité d’espèces pouvant se développer sur un mur majoritairement ensoleillé est bien plus grande que les espèces pouvant survivre sur un mur à exposition nord. Pour ces derniers, on préfèrera des jardinières en bacs, suspendues ainsi que des espèces grimpantes supportant le faible apport lumineux (lierre par exemple)

  • Le type de mur végétal : il existe deux principales façons d’établir un mur végétal et les espèces de plantes adaptées à ces deux types de murs sont différentes.

     - Installation de plantes grimpantes, avec ou sans support :
    Les espèces sont ici choisies selon la hauteur finale souhaitée, la préférence pour des plantes persistantes ou plutôt caduques, ou la manière dont la plante grimpe. Ainsi, le lierre ou la vigne vierge peuvent grimper le long des murs, sans aucun support, grâce à leurs attributs naturels. Le chèvrefeuille, les clématites ou les jasmins sont des plantes qui grimperont bien le long d’un treillis. Le houblon, quant à lui, préfèrera évoluer le long de câbles en inox.
     - Mur végétal de type modulaire :
    Les plantes sont plantées dans un module contenant du substrat. La richesse en nutriments de celui-ci, son pH, sa capacité de rétention d’eau, l’apport ou non d’engrais naturels, vont déterminer les espèces qui peuvent y survivre. Le principal avantage de ce type de mur est qu’il permet une sélection de plantes vivaces beaucoup plus élargie, ainsi qu’une densité de plantation intéressante.
  • La disponibilité en eau : la récupération d’eau de pluie, l’irrigation automatisée, la présence de sondes d’humidité et de contrôle d’arrosage à distance permettent de s’adapter aux besoins hydriques des plantes ainsi qu’aux variations climatiques.
© M. Pailhès

Aménagements supplémentaires:

Pour améliorer l’attractivité de ces structures végétalisées, plusieurs aménagements peuvent être mis en place, principalement sur les toits, afin d’augmenter d’autant plus la biodiversité :

  • Création de relief, en créant de petites buttes de 15cm de hauteur au minimum, constituées de gravier d’environ 1cm de diamètre. Plusieurs buttes peuvent être espacées de 15-30cm, créant des habitats interconnectés pour certaines espèces d’abeilles et d’autres insectes pouvant y faire leur nid ou simplement se réchauffer.
  • Création de mini-murgiers, à l’aide de pierres plus grosses. En mélangeant des pierres de tailles différentes allant de 15 à 30cm de diamètre, un habitat favorable à de nombreux insectes ainsi qu’à certains utiles au contrôle de nuisibles peut être aménagé.
  • Création de structures en bois, fournissant un abri pour de nombreux insectes utiles surtout au contrôle d’espèces nuisibles. C’est aussi un endroit idéal pour la nidification de certaines abeilles et syrphes. Cette structure peut être créée en déposant en tas, des rondins de bois sourcé localement, d’un diamètre de 10cm minimum, ni trop jeune ni pourri.
  • Création de points d’eau, bassins ou mares de taille réduite, alimentées en eau de pluie permettant aux insectes pollinisateurs et aux oiseaux de trouver à boire sur la toiture. Il est bon de savoir que plusieurs espèces de syrphes pondent leurs œufs dans l’eau et produisent des larves aquatiques.
  • Création d’un sandarium, à l’aide de sable ni trop friable ni trop argileux, d’une profondeur de 30cm idéalement, dans une zone complètement ensoleillée du toit. Il faut idéalement prévoir une séparation avec les zones végétalisées afin d’éviter la colonisation du sable par des plantes.
  • Utilisation d’autres refuges, par exemple, hôtels à insectes, tas de briques, murets en pierres sèches, là où la solidité du toit le permet.
  • Agriculture urbaine : il est aussi viable d’aménager un potager sur les toits pour nos propres besoins alimentaires. En intégrant des plantes vivaces au sein du potager, les insectes pollinisateurs seront plus à même de visiter cette surface et pourront même jouer un rôle de contrôle des nuisibles (coccinelle se nourrissant de pucerons, par exemple).
  • Un coin compost fournit non seulement un moyen de gestion des déchets naturels, mais aussi un abri chaud pour les insectes en hiver !

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