Concentrations de fond, c’est quoi ?
Le terme « concentrations de fond » définit la concentration en substances polluantes qui ne constitue pas de pollution ponctuelle (suite à une fuite par exemple) mais qui est attribuable à des phénomènes de pollution diffuse, des concentrations naturelles (géogènes et autres), ou une combinaison des deux.
Définitions
Concentration de fond naturelle : concentration en substances naturellement présents dans l’environnement, sans contribution quelconque d’une activité humaine. On ne parle pas de pollution ou de polluant.
Concentration de fond anthropogène (= pollution diffuse) : Concentration en substances dûe à des activités humaines mais non attribuable à une ou plusieurs sources ponctuelles.
Déterminer les concentrations de fonds sert à quoi ?
Tout d’abord, il est nécessaire d’introduire le principe de la concentration de fond afin de pouvoir déterminer si les concentrations en substances dans les sols et les eaux souterraines sont d’origine naturelle ou dues à une pollution locale et si elles sont susceptibles de présenter une menace concrète. Cette démarche se base sur le « risk-based land management » et donc sur des modèles et réflexions qui reposent principalement sur les effets toxicologiques de polluants.
En outre, la concentration de fond prend en compte la pollution diffuse résultant d’activités anthropiques générales dont notamment les émissions agricoles, du transport et industrielles à échelle régionale.
Ensuite, le principe aide à clarifier les responsabilités en cas de gestion de pollutions : la gestion d’une pollution diffuse qui résulte d’activités anthropiques générales - dont notamment les émissions agricoles, du transport et industrielles à échelle régionale - incombe à l’État et non aux particuliers tel que les propriétaires de terrains impactés par ladite pollution.
La concentration de fond donne une information sur les concentrations habituelles d’une substance dans le sol. À part le niveau d’urbanisation ou d’industrialisation d’une région, l’usage du sol peut avoir un impact considérable sur les concentrations de fond (produits phytopharmaceutiques, engrais, … L’usage agricole d’un sol peut par exemple constituer un impact direct dû aux produits phytopharmaceutiques, engrais, … La forêt agit comme filtre pour des polluants atmosphériques et a donc un impact indirect.
Finalement, le fait de déterminer les concentrations de fond permet de définir des critères techniques qui aident à simplifier la revalorisation des terres excavées et des déchets inertes de déconstruction.
La situation au Luxembourg
Au Luxembourg, on distingue en général deux régions géologiquement distinctes : l’Éislek et le Gutland. Vu cette diversité géologique du Luxembourg ainsi que son histoire industrielle, agricole et son développement urbain, il est indispensable d’établir des valeurs de référence des concentrations de fond adaptées aux situations qu’on peut rencontrer dans le pays.
Il existe trois scénarios différents de concentrations de fond:
- la partie naturelle prévaut sur la partie anthropique, ce qui est souvent le cas pour les éléments traces métalliques ;
- la partie anthropique prévaut sur la partie naturelle, ce qui est d’habitude le cas pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP);
- la partie naturelle n’existe pas ou peut être négligée, ce qui est le cas pour la plupart des polluants organiques.
Comment interpréter les concentrations de fond ?
La CF est une gamme de valeurs endéans laquelle on peut estimer retrouver les concentrations habituelles d’une substance dans un sol. La distribution, l’étendue et le positionnement (concentrations élevées ou basses) de cette gamme sont influencés par une multitude de facteurs naturels et anthropiques, tels que
- la présence des substances dans l’environnement,
- leur production anthropique,
- leur mobilité,
- phénomènes d‘accumulation
- phénomènes de décomposition
- …
Pour des raisons de praticabilité et de simplification, les CF sont souvent données comme une seule « valeur de fond » ou « valeur de référence ». Cette valeur est une valeur statistique, telle qu’une moyenne.
Quel est l’origine des données ?
Les données exploitées ressortent de deux campagnes d’échantillonnage réalisées en 2002/03 et 2006/07 dans le cadre du « Bodenmonitoring ». Dans le cadre de l’élaboration du présent document les données des deux campagnes ont été réévaluées et réinterprétées.